Alors cet article répond à la question suivante postée en commentaire :
Pourquoi les artères pulmonaires sont appelées artères alors qu’elles transportent du sang désoxygéné et les veines pulmonaires sont appelées veines alors qu’elles transportent du sang oxygéné ?
Il existe une version vidéo de ma réponse et elle est disponible sur la chaîne Youtube du site.
C’est une interrogation que je vais rattacher à une question classique d’anatomie générale et d’histologie qui est :
Quelle est la différence entre les artères et les veines ?
En général, on trouve que la différence est assez simple à retenir jusqu’à ce qu’on découvre qu’au niveau de la circulation entre le cœur et les poumons, la dénomination des artères et des veines semblent être inversée.
Pourquoi, alors qu’on vient d’apprendre, en anatomie générale, que les artères transportent du sang oxygéné et les veines du sang désoxygéné ; pourquoi diantre est-ce l’inverse au niveau de la circulation pulmonaire ?
La réponse est très simple.
En fait, on ne définit pas une artère ou une veine seulement par rapport à la qualité gazeuse du sang circulant.
En gros, peu importe que le sang soit riche ou pauvre en oxygène, ce qui compte, pour savoir si on a affaire à une artère ou une veine, c’est l’anatomie et l’histologie des parois de ce vaisseau.
C’est-à-dire son organisation structurelle. Qui dépend bien entendu, de sa fonction !
C’est ce qu’on appelle en biologie, le rapport structure-fonction.
Pour rappel, l’artère et la veine sont toutes les deux composées de trois tuniques. De la lumière du vaisseau vers la superficie, on a :
1°) La tunique interne ou intima, ou couche endothéliale.
2°) La tunique moyenne ou média, ou couche musculaire.
3°) La tunique externe ou adventice.
Je ne vais pas rentrer dans les détails histologiques de chaque couche ici, mais juste vous dire que c’est l’organisation histologique de ces trois couches qui fait qu’une veine est une veine et une artère, une artère.
En revanche, je vais vous donner une vue d’ensemble de la distinction fonctionnelle entre les deux types de vaisseaux pour répondre à la question de l’article.
Les artères sont des vaisseaux résistifs, c’est-à-dire qu’ils se déforment très peu sous la pression du sang circulant.
Cette capacité permet de distribuer le sang sous pression depuis les ventricules cardiaques jusque dans l’organisme très facilement.
Cela se traduit par des parois plus épaisses, avec plus de myofibrilles et d’élastine dans la tunique musculaire.
Les veines, en revanche, sont des vaisseaux capacitifs, c’est-à-dire qu’ils se déforment très facilement sous la pression du sang circulant.
Cette capacité permet de récupérer le sang depuis les capillaires et de l’acheminer progressivement vers le coeur droit (ou le foie pour le système porte hépatique).
Cela se traduit par des parois plus fines, plus pauvres en myofibrilles et élastines mais une lumière plus importante.
Donc, les vaisseaux cardio-pulmonaires qui transportent le sang désoxygéné du coeur droit vers les poumons sont appelés les artères pulmonaires car elles naissent du ventricule droit du coeur.
La structure de ces vaisseaux est identique à celle de l’aorte car ces derniers subissent les mêmes contraintes hémodynamiques.
Et de la même façon, les vaisseaux cardio-pulmonaires qui transportent le sang réoxygéné des poumons vers l’auricule gauche sont appelés veines pulmonaires car elles naissent des réseaux capillaires pulmonaires.
La structure de ces vaisseaux est globalement identique à celle des Veines Caves, car, sans surprise, ils subissent également les mêmes contraintes hémodynamiques.
Il faut quand même préciser qu’il y a des différences nombreuses au sein des vaisseaux d’une même catégorie en fonction de leur localisation.
Par exemple, la tunique musculaire de la VCI est nettement plus importante que celle de la Veine Cavec Supérieure.
Car la première doit lutter contre la gravité pour ramener le sang au coeur droit alors que la seconde profite largement de notre statut de bipède pour acheminer facilement le sang au coeur droit dès que nous avons le tronc à la verticale.
Pour les artères, la composition de la tunique musculaire varie encore plus que pour les veines.
A proportion égale, les gros troncs artériels ont une tunique musculaire plus fine et plus riche en fibres élastiques que les artères collatérales et terminales.
En fait, plus on s’éloigne du cœur, plus la tunique musculaire s’épaissit et se densifie.
La raison est fonctionnelle, notre organisme doit composer avec une quantité de sang limitée pour faire fonctionner l’ensemble des systèmes qui le compose.
C’est-à-dire qu’il est impossible pour notre organisme de faire tourner tous ses sous-systèmes à plein régime en même temps.
Les ressources allouées à un système pour l’exécution de ses différentes tâches imposent nécessairement que d’autres systèmes soient placés en sous-régime.
C’est pourquoi – et on en a tous fait l’expérience en tant qu’étudiant – il est si difficile de se concentrer et de suivre un cours en début d’après-midi après avoir mangé copieusement au restaurant universitaire.
Parce que lorsque vous prenez une « double ration de frites », vous allez augmenter la charge de travail du tube digestif et la quantité de sang allouée au processus va être plus importante.
Cela va se faire au dépend des autres systèmes, notamment le Système nerveux central et tout particulièrement l’encéphale, qui vont avoir moins de ressources pour fonctionner.
D’où une tendance à piquer du nez pendant vos cours d’anatomie à 14h.
On met de côté ici bien sûr, l’influence neuro-hormonale de la digestion sur l’organisme.
Et à l’inverse si vous avez une séance de sport à 14h, le fonctionnement de vos systèmes cardio-pulmonaire et locomoteur devient prioritaire sur la digestion et le système digestif va être mis au ralenti.
Ce qui veut dire que votre « double ration de frites » va mettre un peu plus de temps à être digérée et en fonction de l’intensité de l’exercice, vous allez expérimenter un inconfort digestif qui pourra aller de quelques nausées à un vomissement du contenu de votre estomac.
Et cette régulation de la distribution du sang est justement assurée par les artères.
Si les artères d’un système reçoivent l’ordre de se vasoconstricter – c’est-à-dire de réduire leur calibre – cela va augmenter la résistance à l’écoulement du sang artériel sur ces territoires vasculaires et le sang passera plus facilement au niveau des artères dont la résistance est moindre.
Pour résumer, les artères qui irriguent un organe dont la fonction est évaluée comme prioritaire pour l’organisme vont se « vasodilater » – c’est-à-dire élargir leur calibre – et les artères qui irriguent des organes dont la fonction n’est pas indispensable dans l’immédiat, vont se vasoconstricter plus ou moins.
De cela il résulte que le sang en provenance du cœur va s’écouler plus facilement dans les artères qui opposent une résistance moindre.
C’est aussi pour cette raison que l’augmentation de la résistance périphérique à l’écoulement du sang, par exemple à cause du tabagisme ou même du vieillissement physiologique, provoque une augmentation de la tension artérielle.
Si les artères périphériques perdent en élasticité, deviennent plus rigides, alors le ventricule gauche doit se contracter plus intensément.
L’éjection systolique doit vaincre la résistance périphérique des artères.
Voilà on a répondu brièvement à la question, je ne suis pas rentré dans les détails histologiques pour rester simple.
Je ferais sûrement une vidéo sur l’anatomie générale des vaisseaux plus tard pour compléter.
Il y a vraiment beaucoup de choses à dire sur le sujet et elles sont très utiles pour mieux comprendre la physio-pathologie et la clinique.
En attendant, je mets à votre disposition un PDF gratuit qui contient une synthèse de l’anatomie générale des vaisseaux, pour vous aider dans votre apprentissage de l’anatomie.
Si vous avez des remarques ou des questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire de la vidéo et si vous aussi, vous pioncez en cours à 14h, c’est simple, arrêtez les « doubles rations de frite » !
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